Bleu, Blanc, Rouge
En 1958, je naissais ! Pendant ce temps-là, Léo travaillait déjà avec son ami Jean-Roger Caussimon qui lui écrira de nombreuses chansons. La chanson « Bleu… Blanc… Rouge… » de Jean-Roger Caussimon sera interprétée par Philippe Clay et même si la musique est aussi de Jean-Roger Caussimon, Léo en fera les arrangements et l’harmonie.
Refrain de Bleu… Blanc… Rouge…
De bleu, de blanc, de rouge
Il est vêtu
Mon matelot
Il est mieux foutu
Que leur drapeau
Il a les dents blanches
Et les lèvres rouges
Et le regard bleu…
Le poète Léo met en musique les mots des autres. « Alchimie du verbe », poème en prose publié dans le recueil « Une saison en enfer » d’Arthur Rimbaud qui le qualifie lui-même de Livre païen, prend dans la bouche de Léo un sens quasi religieux !
« La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.
Je m’habituai à l’hallucination simple : je voyais très-franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac ; les monstres, les mystères ; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi !
Puis j’expliquai mes sophismes magiques avec l’hallucination des mots ! »
Avec l’album « La violence et l’ennui », Léo semble changer de style mais en réalité c’est un retour à la poésie dure, vocale et musicale qu’il avait déjà exprimé 7 ans plus tôt dans « Il n’y a plus rien » et « Et Basta ! »
Extrait de Words… Words… Words…
Et ils ont mis la République
Au fond d’un vase à reposer
Les experts ont analysé
Ce qu’il y avait au fond du vase
Il n’y avait rien qu’un peu de vase
Parce qu’il faut parfois répéter les mots ou les images pour leur donner un autre sens, une nouvelle force !
« L’Opéra du pauvre » est pour moi l’œuvre la plus complète de Léo Ferré. Elle est non seulement très moderne au moment de sa parution en 1983 alors que son origine provient d’une œuvre plus ancienne datant de 1956, mais elle illustre tous les talents de Léo et sa force d’évocation : Je parie que sa modernité ne cessera de vous étonner !
Extrait de « L’Opéra du pauvre » Tableau III – Final
Le corbeau, juge et président : Mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ?
Trente et quarante, le joueur : J’apporte mon bruit avec moi, Monsieur. Il ne me quitte pas.
Le corbeau, juge et président : Alors, vous témoignez pour la Nuit ?
Trente et quarante, le joueur : C’te bonne blague ! Bien sûr ! La Nuit, c’est ma raison, ma folie de vivre.
Le corbeau, juge et président : Je vous dispense de faire des remarques sur votre psychologie. Dîtes ce que vous avez à dire, Monsieur.
Trente et quarante, le joueur : Je sais tout ! Je vois tout, la Nuit… dans le fond de mon cœur… dans la panique qui me précise et m’exaspère aussi… devant le hasard et ses conditions incalculables. Ce n’est que la Nuit que je me force à être conscient de mes problèmes de joueur. Je joue pour jouer. Je joue la Nuit, parce que la Nuit ne me regarde pas. Parce qu’elle s’en fout…
Léo Ferré ne souhaitait pas que « L ‘Opéra du pauvre » soit joué au théâtre mais cette œuvre sera interprétée sous une forme mêlant théâtre, chant, musique, chorégraphie, cirque et vidéo en 2011 sous la direction de Jean-Paul Dessy (chef d’orchestre) et Thierry Poquet (Metteur en scène)
Extrait de « L’Opéra du pauvre » Tableau II – Le bar discothèque
Le corbeau : Bien, Maître ! (S’adressant à Calva) Poursuivez monsieur.
Calva : La Nuit, c’est un déclic.
Le corbeau : Sûrement !
Calva : Cela se passe, et glisse comme une tenture sur les joues, vers les six heures du soir, l’hiver, au moment du réveil. (La foule, présente autour du bar, applaudit aux dires du hibou) Vous connaissez le Jazz ?
Le corbeau : Horreur de ça !
Calva : Non ! Non ! Non ! Le réveil. Cette boule avec des yeux au beau milieu de la figure… et qui tournent…
Le corbeau : Ce coq ?
Calva : C’est un peu ça. Mais un coq avec des manettes dans le dos… Manettes que l’on tourne comme si l’on devait remonter la vie.
Le corbeau : C’est très joli… C’est très joli… Mais vous êtes poète ?
Calva : Non, bistrot !
Miss Night, La Nuit, prend la parole non pas pour se défendre de la disparition de la Dame Ombre mais pour nous inviter à la découvrir en son sexe fantastique de musique et du silence !
Extrait de « L’Opéra du pauvre » Tableau I – La salle d’audience
Les marins me devinent. Et je sens la marée leur couler du juson, comme un suc anonyme. Dans les bars, je les tiens perchés devant l’abîme… Cette absence me les fait miens, et je les aime. J’ai le ventre de toutes les femmes dans la tête, et quand j’ai mal à la tête, je les vois toutes arriver, leurs culottes ajourées comme un chagrin d’optique. Je suis le « qu’en-dira-t-on » de la passion de tous les trottoirs du monde, dans ces villes où les chinois parlent anglais, de préférence. Parce que les culottes chinoises ont les yeux plissés. Et quand elles regardent, ça fait du bruit chez les mecs… Ça part de travers…
Avec l’accent !
« L’Opéra du pauvre »
Extrait du témoignage de la cloîtrée
La Cloîtrée : Je suis un univers, Monsieur, vous aussi. Nous sommes des bulles vacantes dans la pensée des chiffres qui s’ennuient.
Le Corbeau : Vraiment je ne comprends rien, mais rien, Greffier ?
Le Greffier : Miaou ! Miaou !
La Cloîtrée : Et voilà ! nous en revenons toujours à ce point précis, Monsieur : un cri, une plainte, un système de défense orale qui embouteille notre circulation, comme dans la rue, oui, avec toujours des parallèles qui jouent à se défendent de ne pouvoir jamais se rencontrer. La nuit, je vous invente. J’ai mille amants qui me congèlent et que je presse comme des oranges ou comme un devoir à terminer et à rendre indemne de nos rescousses et de ces chants lointains que nous prenons pour des antiennes et qui ne sont que des musiques malheureuses sur vos propos courants et sans objet.
La Vérité et la Morale apparaissent souvent dans l’œuvre de Léo Ferré mais son message est obscur à qui n’a pas les clés pour le déchiffrer. Ses grandes et belles phrases nous restent en mémoire sans que nous en ayons vraiment compris le sens.
Extrait de « L’Opéra du pauvre » Tableau II – Miséria
La Misère pisse quand même
Elle vieillit sans les atouts
Avec un as de pique dans les ovaires
La Misère sort une poupée de son corsage et, s’adressant au Coq :
TIENS, PETIT, TOUCHE CETTE POUPEE ET TU NE SERAS JAMAIS RICHE …
Le coq se précipite sur Miseria comme pour un duel … et il crève le ventre de la poupée, et – en trichant- de son autre main fait tomber en même temps une poignée de pièces sonnantes
LE COQ : Porca Miseria ! Tu es riche… et tu caches ton fric
LE CORBEAU : Monsieur l’Avocat Général, votre vocabulaire… Voyons !
LE COQ (comme fou) : Regardez, messieurs, mesdames LA MISERE EST RICHE ! C’EST LA FIN DU MONDE !
Le poème « Des armes » de Léo Ferré est paru dans la revue Anarchiste en 1969. Il appartient à l’ensemble de textes écrits après les évènements de mai 1968 dans une œuvre intitulée « Lamentations devant la porte de la Sorbonne » et n’a jamais été mis en musique par Léo.
C’est Bertrand Cantat du groupe Noir Désir qui a créé la chanson « Des armes » sur ce texte qui en a pris alors plus de sens.
Léo Ferré se disait Anarchiste et son « Introduction à l’Anarchie » parue en tant qu’éditorial du « Monde Libertaire » de janvier 1968 en est l’expression directe. Mais la lecture de ce texte modifie notre conception de ce qu’est l’Anarchie car celle de Léo est très personnelle mais aussi peut-être trop abstraite !
Extrait :
« L’anarchie est la formulation politique du désespoir. L’anarchie n’est pas un fait de solitaire ; le désespoir non plus. Ce sont les autres qui nous informent sur notre destinée. Ce sont les autres qui nous font, qui nous détruisent. Avec les autres on est un autre. Alors, nous détruisons les autres, et, ce faisant, c’est nous-mêmes que nous détruisons. Cela a été dit ; il importe que cela soit redit. Le Christ, le péché, le malheur, le riche, le pauvre… nous vivons embrigadés dans des idées-mots. Nous sommes des conceptuels, des abstraits, rien. Une morale de l’anarchie ne peut se concevoir que dans le refus. C’est en refusant que nous créons. C’est en refusant que nous nous mettons dans une situation d’attente, et le taux d’agressivité que recèle notre prise de position, notre négativité est la mesure même de l’agressivité inverse : tout est fonction des pôles. Nous sommes de l’électricité consciente ou que nous croyons telle, cela devant nous suffire. »
Extrait de « Les Anarchistes » (L’été 68) :
Les anarchistes
Ils ont un drapeau noir
En berne sur l’Espoir
Et la mélancolie
Pour traîner dans la vie
Des couteaux pour trancher
Le pain de l’Amitié
Et des armes rouillées
Pour ne pas oublier
Léo Ferré a connu de nombreuses années de galères qu’il rappellera dans certaines de ses chansons et en particulier dans « La vie d’artiste ». Ces années noires ont pourtant été celles qui ont fait naitre les premiers éléments de « L’Opéra du pauvre » à travers le livret qu’écrit alors Léo pour se présenter au concours Verdi à La Scala de Milan en 1952.
Extrait de « la Faim » (Album 1916-19..) :
La faim
y’en a qui dis’nt
qu’elle est fauchée
mais c’est pas vrai
La faim
ça a toujours
deux trois p’tits tours
dans son panier
La faim
quand t’as trimé
des tas d’années
dans sa carrée
donne un pourboire
un’ poire
pour la SOIF.
Ce très court texte de la chanson « Le bonheur » est pourtant l’expression profonde de la simplicité et de la fugacité d’instants rares.
Le bonheur
Madame ?
Où courez-vous dans le silence
Du tohu-bohu de la rue
Madame ?
Tu vas retrouver ton amant
Pendant que ton mari travaille
Madame ?
Le bonheur ça vaut pas trois mailles
Madame ?
Aussitôt là faut qu’il s’en aille
Alors…
Profite de l’après-midi
Madame ?
Où courez-vous dans le vacarme
Et le silence du devoir
Madame ?
Tu vas retrouver ton mari
Pendant que l’Autre fait la pause
Madame ?
Le bonheur ça n’est pas grand-chose
Madame ?
C’est du chagrin qui se repose
Alors
Il ne faut pas le réveiller
Le bonheur…
QU’EST-C’QUE C’EST ?
Peille est un petit village des Alpes-Maritimes qui domine le ravin de Faquin. Endroit calme et silencieux auquel Léo rend hommage dans une chanson.
On regarderait bien dans les yeux des fenêtres
On compterait les pas, si les pas se comptaient
Pour savoir ce qu’il y a au fond de ce village
À Peille, je m’en vais ce soir tourner la page
D’un livre qui se mange à sept ou huit copains
On y rencontre l’art de vivre et d’être bien
À Peille, je m’en vais ce soir avec Marie
Je vous salue, Madame, avec tous vos amis
On regarderait bien dans les yeux de Nana
Pour y lire, amoureux, la table des matières
Qu’elle t’apporte comme un bouquet de lilas
Mais de ceux qui se mangent et là elle exagère
« Voulez-vous des farcis ? Des raviolis d’étoiles ? »
De cette daube antique où coule la vallée
Du mouton qui revient de la mer à la voile
{Parlé:} C’était long ! Il en a mis, du temps ! Vous savez ?
À Peille, j’ai laissé Mathieu dans la fontaine
À Peille, je m’en vais pour laisser mon passé
Chaque fois que j’y passe, j’en reprends un morceau
Et l’eau qui l’a gardé me l’a rendu tout frais
Comme d’un souvenir lorsque l’instant paraît
Du fond de ce village où les pierres se parlent
À Peille, je m’en vais ce soir avec Marie
Je vous salue, Madame, avec tous vos amis
Peille
Alpes Maritimes
France
Quand je fumerai autre chose que des Celtiques
Dans cette chanson « Quand je fumerai autre chose que des Celtiques » de l’album « La frime » Léo Ferré évoque son absence après sa mort mais il parle surtout de sa solitude !
Je veux être drapé de noir et de raison
Battre de l’aile au bord de l’enfer démocrate
Et cracher sur Trotski sur Lénine et Socrate
Et qu’on dise de moi » Mon Dieu qu’il était con ! »
Quand je fumerai autre chose que des Celtiques
» Il n’aimait rien de ce que l’on nous fait aimer
Et marchait seul, devant, le poing dans l’utopique
Il croyait que l’amour c’est comme la musique
Alors que votre amour s’est immatriculé »
Quand je fumerai autre chose que des Celtiques
Moi je suis con, ma foi, mes fleurs noires à la face
Fini le temps des bombes, aujourd’hui on transige
On groupuscule, on parlemente et l’on exige
D’un mec à cheveux longs qu’il crame ou qu’il s’efface
Quand je fumerai autre chose que des Celtiques
Je veux mourir tout seul là-bas au bout du quai
Tiré à quatre chiens dans la nuit camarade
Avec dans mes paquets mon hibou sérénade
Qui n’y voit que la nuit pour mieux m’accompagner
ALORS NOUS TIRERONS NOS DERNIÈRES CARTOUCHES
« Ne chantez pas la Mort » est une mise en musique par Léo Ferré d’un texte de son ami Jean-Roger Caussimon. Malgré son sujet cette chanson sera appréciée du public. La Mort, thème difficile à chanter, est aussi présente et personnifiée dans « L’opéra du pauvre ».
Extrait de « Ne chantez pas la Mort »
Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou pour poète maudit
La Mort
La Mort
« Metaphysic Song » est aussi un texte de Jean-Roger Caussimon mis brillamment en musique par Léo Ferré dans l’album « Les Loubards ». Ferré souhaitait mettre Caussimon dans la lumière et il lui emprunte ses textes pour lui consacrer tout cet album paru en 1985, l’année même de la mort de son ami. La musique de l’album est jouée par l’orchestre symphonique de Milan.
Extraits de « Metaphysic Song »
Un hôtel borgne
Où l’on me dit : « Ici, les chiens sont interdits même sur des photos jaunies ! »
Le mec qui lorgne
Mes trois valises qui, durant l’après-midi ont pris du poids et ont grandi.
Quelqu’un qui cogne
Au mur de ses voisins qui font encore l’amour avec le dialogue assorti.
Demain, un cogne
Soucieux de vérifier ma carte de séjour viendra m’attendre à la sortie.
« Qui je suis ? D’où je viens ? Où vais-je ?
Monsieur, je n’en sais rien, je suis du grand cortège de la vie… »
Poésie pure parlée sur une musique presque absente, l’album « Et Basta ! » est une somme de souvenirs et de blessures après des années de dures conditions d’artiste, de solitude et de révolte.
Extrait de « Et Basta ! »
« Le papier, y en a marre !
De ce papier-xylo qui fait grincer, gémir les arbres que je porte en moi. Quand on scie un arbre, j’ai mal à la jambe et à la littérature. »
Rêves de liberté
Dans « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », Léo s’inspire de Verlaine et Rimbaud mais le titre de ce double album est surtout dédié à son fils qui va avoir 17 ans et dont le portrait illustre la pochette du disque.
Extrait de la chanson « Personne »
Mes yeux violets à cent millions d’années-lumière
Le soleil de Van Gogh derrière un tournesol
Les griffes de l’absurde à ta peau de panthère
Les baisers du silence au chant du rossignol
L’intention du hasard dans la tuile qui tombe
L’odeur de la forêt dans ton papier journal
Une fusée de Pershing dans un nid de colombe
Le rêve de la liberté dans un bocal
Personne ne pourra jamais te montrer ça
« Le faux poète » fait partie de l’album « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans ». Mais de qui et de quoi parle donc Léo ? Etre poète ce n’est pas juste écrire quelques vers ! Faut-il relire la « Lettre à un ami d’occasion » adressée à André Breton en 1956 pour comprendre le sens de ce texte ?
Extrait de « Le faux poète »
Il y’a des astres retraités chez Ripolin
Qui cherchent un emploi en dorure sur tranche
Et des étoiles d’or qui sont dans le pétrin
Ça pue l’éternité sur les façades blanches
Ah ! l’avion qui là-haut métallise l’azur
Les coliques de Dieu dégueulent du pétrole
Je crois en toi Seigneur et j’ai mal au Futur
Aux quatre cent vingt et un j’ai paumé l’Acropole
Le soleil s’est couché ce soir avec ton gars
Le fils de l’homme avait du spleen dans sa musette
Un vieux compte à régler avec la lune en bas
Qui se soûlait la gueule avec un faux poète
Face à la ville
Si certains textes de Léo pourraient laisser penser qu’il était misogyne (« L’intelligence des femmes c’est dans les ovaires » disait-il dans une interview en 1971), les femmes ont plutôt joué le rôle de Muse pour Léo Ferré. Dans « Le manque », une chanson parue sur l’album « On est pas sérieux quand on a 17 ans », Léo exprime sa dépendance physique et littéraire à la femme absente.
Extrait de « Le manque »
Les gens te regardent je voudrais les mettre
Au fond de ta gorge et tu les rendrais
Avec du jasmin, celui qui te monte
Et me rend malade, les gens te regardent
Je ne peux plus, je ne peux plus imaginer
Ta jupe est trop courte tu marches trop vite
Les gens me regardent me regardent t’imaginer
Il manque quelque chose, Il manque quelque chose
A cette ville obscène
Et c’est toi qui me manques, et c’est toi qui me manques
« Je suis né par erreur en 1916 et une seconde fois le 6 janvier 1950 quand j’ai connu Madeleine » disait-il au sujet de sa seconde femme. Elle sera non seulement Muse mais influencera beaucoup les choix musicaux et artistiques de Léo. Leur vie commune dure presque 20 ans, de 1950 à 1968, et se terminera dans le drame de la mort de leur chimpanzé Pépée.
Extrait de « Ca t’va »
Ça m’ va
Ta prison dorée
Ta bouche adorée
En guise de serrure
Ça m’ va
Tes plats mijotés
Tellement qu’on dirait
Manger d’ la luxure
Ça m’ va
Ton air bienheureux
Qu’ont les amoureux
Qui restent fidèles
Ça m’ va
Qu’on puisse dire un jour
« Et quant à l’amour
Il n’a aimé qu’elle… »
Le fichu
L’album « L’espoir » est un hommage rendu par Léo Ferré aux Espagnols. Ce n’est pas un hasard car sa dernière femme est d’origine espagnole. Le titre « Les amants tristes » est un long poème qui laisse l’auditeur assez désemparé devant la complexité pour ne pas dire l’incompréhensibilité du texte mais qui, lorsque l’on s’y plonge, laisse un sentiment incroyable !
Extrait de « Les amants tristes »
On dit dans ton quartier que tu as froid aux yeux
Que t’y mets des fichus de bandes dessinées
Et que les gens te lisent un peu comme tu veux
Tu leur fais avaler tes monts et tes vallées
Tu es aux carrefours avec le rouge mis
On y attend du vert de tes vertes prairies
Alors que j’ai fauché ce matin dans ton lit
De quoi nourrir l’hiver et ma mélancolie
« Benoit Misère » est l’unique roman écrit par Léo Ferré qui mettra 14 années pour l’achever ! Si le personnage est imaginaire, le livre semble cependant auto biographique (ce qu’il niera pourtant) et l’on découvre au fil des pages l’enfance de Léo et des situations qui lui ont forgé le caractère. Ce roman a quelque chose d’intemporel et presque 50 ans après sa publication il n’a perdu aucun de ses charmes.
« Avec le temps » est, avec « C’est extra », sans doute l’une des chansons les plus connues de Léo Ferré. Elle avait cependant été exclue de l’album « Amour Anarchie » jugée sans doute trop personnelle et trop tragique. Le 45 tours qui la contient, sorti discrètement, devient immédiatement un succès international repris par une longue liste d’interprètes. Léo était parfois agacé par le succès de cette chanson écrite en 2 heures selon lui, au point d’en chanter une version « revisitée » qui agacera alors certains spectateurs au théâtre des Champs Elysées en avril 1984 !
Extrait de « Avec le temps »
Avec le temps…
Avec le temps va tout s’en va
A toi,
Cette cigarette qui fume dans ma mémoire
Cette fumée qui éclaircie le brouillard
Ce souvenir qui n’en est pas
Et cette pensée qui est toujours là …
Léo !